Le système digestif équine, un système monogastrique, est spécifiquement adapté à une alimentation riche en fibres. Contrairement aux ruminants, le cheval ne régurgite pas sa nourriture. Cette particularité influence significativement son régime alimentaire et sa santé digestive. Son système digestif, d'une longueur totale d'environ 25 à 30 mètres, est composé de plusieurs parties distinctes collaborant harmonieusement pour extraire les nutriments essentiels des aliments.

Phase buccale: préparation mécanique et enzymatiques initiales

La digestion commence par la préhension, grâce à des lèvres et une langue très mobiles. La mastication, assurée par les dents (incisives pour couper, molaires pour broyer), est essentielle pour la digestion. Un cheval adulte effectue en moyenne 30 à 40 mouvements de mastication par minute, réduisant les aliments en particules plus petites, augmentant ainsi la surface disponible pour l'action des enzymes digestives.

Ingestion et mastication optimale

Le cheval utilise ses incisives pour couper l'herbe et ses molaires pour la broyer finement. La durée de mastication influence directement l'efficacité de la digestion. Une mastication insuffisante peut mener à une digestion incomplète et des problèmes digestifs. La production salivaire quotidienne d'un cheval adulte est considérable, atteignant 10 à 12 litres.

Rôle crucial de la salive

La salive, un mélange d'eau, de bicarbonate, de mucus et d'une faible quantité d'amylase, lubrifie le bol alimentaire, neutralise l'acidité et amorce la digestion de l'amidon. Cependant, la quantité d'amylase est limitée chez le cheval, rendant la digestion buccale des glucides peu efficace. Le mucus facilite la déglutition et protège la muqueuse buccale.

Limites de la digestion buccale: importance de la mastication

La faible quantité d'amylase salivaire souligne l'importance d'une mastication prolongée. La digestion des glucides se poursuit principalement dans le gros intestin via la fermentation microbienne. Une bonne mastication est donc cruciale pour une digestion optimale et pour prévenir les troubles digestifs liés à une ingestion trop rapide.

  • Mastication efficace: clé pour une digestion optimale des fibres.
  • Salive: rôle essentiel dans la lubrification et la neutralisation.
  • Amylase salivaire: quantité limitée, digestion buccale des glucides faible.
Schéma annoté de la cavité buccale du cheval

Transit oesophagien: vers l'estomac

L'œsophage, un tube musculaire d'environ 1,5 mètres de long, transporte le bol alimentaire de la bouche à l'estomac. Le péristaltisme, une série de contractions musculaires rythmiques, assure ce transport unidirectionnel. La rapidité du transit œsophagien, généralement de quelques secondes, empêche la régurgitation.

Péristaltisme et transit rapide

Les contractions musculaires péristaltiques propulsent le bol alimentaire vers l'estomac. La rapidité de ce processus est une caractéristique importante du système digestif équine. Ce transit rapide est essentiel pour éviter les problèmes de régurgitation, contrairement aux ruminants.

Gestion alimentaire et transit rapide

La rapidité du transit oesophagien a des conséquences sur la gestion de l'alimentation. Des changements brusques de régime ou une surcharge alimentaire peuvent perturber ce processus et causer des troubles digestifs. Une alimentation régulière et équilibrée est primordiale pour une bonne santé digestive.

Estomac equin: digestion chimique limitée

L'estomac du cheval, relativement petit (8 à 15 litres), joue un rôle essentiel, mais limité, dans la digestion. Sa capacité restreinte et sa faible production de glandes gastriques limitent la digestion des aliments. L’estomac est responsable de la digestion des protéines grâce à la sécrétion d'acide chlorhydrique (HCl) et de pepsine.

Secrétions gastriques: HCl et pepsine

L'acide chlorhydrique (HCl) crée un environnement acide, activant la pepsine, enzyme responsable de la dégradation des protéines. La pepsine hydrolyse les protéines en peptides plus petits, préparant ainsi les protéines pour une digestion ultérieure dans l'intestin grêle. Cependant, la capacité de digestion de l'estomac est limitée.

Limitations de l'estomac et risques digestifs

La faible capacité et le faible nombre de glandes gastriques limitent la quantité d'aliments que l'estomac peut digérer simultanément. Une surcharge alimentaire peut causer une distension de l'estomac, augmentant le risque de coliques. Une alimentation régulière et de petites portions sont donc conseillées.

Ulcères gastriques et coliques: prévention essentielle

Les chevaux sont sensibles aux ulcères gastriques et aux coliques, souvent liés à une alimentation inadéquate, des changements brusques de régime ou une mauvaise gestion du pâturage. Une alimentation équilibrée, riche en fibres et en eau, est primordiale pour prévenir ces troubles digestifs. Un apport régulier de foin de bonne qualité est essentiel.

Coupe transversale schématique de l'estomac équine

Intestin grêle: absorption optimale des nutriments

L'intestin grêle (20 à 25 mètres de long), composé du duodénum, du jéjunum et de l'iléon, est le principal site d'absorption des nutriments. Les enzymes pancréatiques et la bile jouent un rôle crucial dans la digestion des glucides, lipides et protéines. La surface d'absorption est augmentée grâce aux villosités et microvillosités intestinales.

Rôle des sécrétions pancréatiques et biliaires

Le pancréas sécrète de l'amylase, de la lipase et des protéases, essentielles pour la digestion des glucides, lipides et protéines respectivement. La bile, produite par le foie, émulsionne les graisses, facilitant leur digestion et leur absorption. Environ 2 à 3 litres de bile sont produits chaque jour.

Absorption des nutriments: processus efficace

Dans l'intestin grêle, les nutriments digérés, tels que les acides aminés, le glucose et les acides gras, sont absorbés à travers la paroi intestinale et passent dans le sang pour alimenter l'organisme. Les villosités et microvillosités intestinales maximisent la surface d'absorption. Une absorption efficace est essentielle pour fournir au cheval l'énergie et les nutriments nécessaires à ses fonctions vitales.

Microbiote intestinal et equilibre digestif

Le microbiote de l'intestin grêle, moins abondant que dans le gros intestin, contribue à l'équilibre et à la santé digestive. Il joue un rôle dans la digestion de certains nutriments et dans la protection contre les agents pathogènes. Un microbiote équilibré est crucial pour une digestion saine.

Gros intestin: fermentation microbienne et absorption d'eau

Le gros intestin (cæcum, côlon, rectum), d'une longueur d'environ 6 à 7 mètres, joue un rôle essentiel dans la digestion des fibres et l'absorption d'eau. Il abrite une flore microbienne importante, responsable de la fermentation des fibres non digérées dans l'intestin grêle. Ce processus libère des acides gras volatils (AGV), une source d'énergie majeure pour le cheval.

Cæcum: fermentateur principal

Le cæcum, une poche de grande capacité (environ 30 litres), est le principal site de fermentation. Les microbes fermentent les fibres, produisant des acides gras volatils (acétate, propionate, butyrate), source majeure d’énergie pour le cheval. La fermentation produit également des vitamines B et K.

Côlon: fermentation et absorption d'eau

Le côlon poursuit la fermentation et l'absorption d'eau. L'absorption d'eau est essentielle pour former des fèces compactes. Une hydratation insuffisante peut conduire à la constipation. Le côlon est responsable de la réabsorption de l'eau et des électrolytes.

Microbiote du gros intestin: rôle central

Le microbiote du gros intestin est composé de milliards de micro-organismes (bactéries, protozoaires, champignons). Il joue un rôle crucial dans la digestion des fibres, la production d'AGV, la synthèse de vitamines et la protection contre les pathogènes. Un déséquilibre du microbiote peut perturber la digestion et la santé du cheval.

Formation des fèces: indicateur de santé digestive

La formation des fèces résulte de l'absorption d'eau et de la compaction des résidus. La couleur, la consistance et l'odeur des fèces peuvent indiquer l'état de santé digestive. Un cheval adulte produit environ 10 à 15 kg de fèces par jour. L'observation des fèces permet de surveiller la digestion.

  • Fibres: source d'énergie majeure grâce à la fermentation dans le gros intestin.
  • Acides gras volatils (AGV): produits de la fermentation, source d'énergie pour le cheval.
  • Absorption d'eau: essentielle pour la formation de fèces compactes.
  • Microbiote intestinal: rôle crucial dans la digestion et la santé digestive.
Schéma du gros intestin équine

La compréhension du trajet des aliments et des processus de digestion est fondamentale pour maintenir la santé digestive du cheval. Une alimentation équilibrée, un accès constant à l'eau et une gestion appropriée du pâturage sont essentiels pour prévenir les troubles digestifs.